block note - intervention
mardi 27 mai 2025, par

Hier des images, ou plutôt un petit film publicitaire fait par ia, et impossible de savoir en regardant ce salon de l’auto avec ses visiteurs qu’il n’y a ni salon ni autos ni personne de vivant qui s’exprime. Au même moment, impossible de tenir le compte des morts, environ 20%, 15%, 60%, parce qu’il y a du non-mathématique en nous, nous au sens large. Je crois me souvenir avoir entendu qu’il y avait eu des manifestations contre les premières automobiles, sans code de la route elles fauchaient les passants, elles puaient, assourdissaient. Ça n’a pas bien marché de manifester, et les rues rectilignes, les parkings, toute la construction d’une agglomération se cale sur la voiture, est due à la voiture, goudron, portail, il reste très peu d’endroits sur la planète qui ne soient pas carrossables. Ça a sans doute changé les mentalités, les opportunités, ça a peut-être exacerbé le désir de vitesse et le goût pour l’éclat des chromes, les possibilités de joindre, rejoindre, certaines invasions, découvertes, certains commerces, les échanges ont été modifiés car pensés autrement grâce à l’outil moteur et pneus. Avec le cinéma on a pensé autrement l’existence des morts, on peut les voir bouger, parler, roter, faire toutes sortes de choses, il y a tant de films où tout le casting est mort. On a pu épingler dans le temps ce qui a existé. Maintenant on dévisage ce qui n’existe pas. Les mythes sont puissants et performatifs au quotidien, le quotidien très quotidien étant naturellement soumis à la croyance, à la confiance. On va continuer à faire confiance, parce que c’est inhérent à l’humain, confiance en l’existence de gens inexistants dans des salons de l’automobile. On va continuer à ne pas faire confiance d’entrée, parce que c’est inhérent à l’humain, jusqu’à ce que déborde la surface primitive du doute, jusqu’à questionner la moindre marguerite dans un clip pour tondeuses robotiques. La croyance et le doute vont s’affronter comme deux grands godzillas gonflés, croire à tout, douter de tout, comment ça construira les villes, est-ce qu’il y aura des villes où croire à tout, à l’irréel du prompt qui fabrique une altération, et d’autres villes où douter de tout, oreilles et yeux fermés par peur de ce que les oreilles et les yeux capturent. Comment vivre en doutant de tout, comment vivre en croyant en tout, sans plus le choix de l’interstice. Hier, on a vu une image de chef où une main repousse un visage d’un mouvement qu’on ne sait pas si c’était d’agacement ou de rire. Dans un premier temps, il a été déclaré que cette image pichenette était le produit d’une ia. Dans un second temps, il a été déclaré que l’image existait, mais anodine. Il n’y a pas de troisième temps. Sauf à se dire que les images sont fausses et que même vraies elles ne servent pas. Arrive le point au-delà du doute vrai faux, au-delà de l’existence d’effets, le point sans conséquences. Les images d’affamés ne servent pas à les sauver. Parfois je me dis que nous sommes des hominines déguisés en astronautes. J’ai vu un écriteau refermez le portail après intervention, c’était ouvert, ce qui veut dire qu’une opération est en cours.

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Messages
1. block note - intervention, 27 mai, 21:18, par brigitte celerier
Comment vivre en doutant de tout, comment vivre en croyant en tout, sans plus le choix de l’interstice
on tente
et ça ne marche pas... c’est ainsi
1. block note - intervention, 28 mai, 09:11, par c jeanney
(c’est un sacré glissement de terrain quand même) (merci Brigitte !)