block note - le bac à glaçons de la langue
jeudi 6 novembre 2025, par
Une femme dit : la clarté en écriture, c’est là le nœud. La clarté n’est pas aussi accessible qu’elle prétend l’être. La clarté donne le ’bien écrit’ et c’est quoi le ’bien écrit’, c’est le confortable, le scolaire. La langue la plus claire, c’est la publicité, le slogan. Il faut se méfier d’une langue claire. Maintenant, l’obscurité de la langue suppose qu’on n’écrit pas pour n’importe qui. L’obscurité fait entonnoir. La langue obscure est une private joke, il faut avoir ses entrées dans le cercle pour la comprendre. Il doit bien exister un nuancier, où la langue n’est ni confortable ni obscure. Je lis un extrait de Poème d’amour postcolonial de Natalie Diaz, ce n’est pas une langue obscure, ce n’est pas une langue confortable. La première pensée du matin devrait être où met-on le curseur. Les signes de fascisme ne sont pas très obscurs, sauf quand on met le curseur trop haut, qu’on attend des couleurs saturées pour être certaine, certain qu’ils sont frappants. Si l’on place le curseur de façon à ce que la journée reste confortable, on ne voit rien sur l’image, c’est blanc. En ce moment, le moindre indice de violence m’alerte, pointes d’icebergs.
.
(site sous licence Creative Commons BY-NC-SA)

