block note - merles
dimanche 28 décembre 2025, par
Sorte de retour au réel après des moments aspirateurs (quand toute l’attention est portée par un vêtement autre que le sien), retour au basique. Le journal de traduction d’abord. J’en suis à un peu plus du tiers dans sa mise en page, qui est bien fragile, il suffit d’une lettre, d’un caractère, pour qu’une page saute et que mes vis à vis se décalent et je dois tout reprendre, je passe mon temps à le réajuster. J’ai maintenant près de moi un sac en papier très lourd, rempli de revues récupérées pendant le jour-aspirateur, elles peuvent servir de base à des broderies, ou comme matière première pour du papier recyclé à colorer, et peut-être à utiliser comme potentielle couverture pour le journal. Le ciel est bizarrement nocturne et clair. Encore une marche à grimper dans le calendrier détesté. Je me pose la question de ces dates butoirs que j’installe. Au fond, j’ai cet imaginaire qu’après elles tout ira bien, ou mieux, ou autrement. C’est la pensée d’une sorte de graphique interne avec une ligne qui monte vers quelque part. C’est très difficile de regarder demain autrement que comme un but, une visée. Je ne fais pas assez confiance au présent. Mais le présent ne fait pas assez confiance au présent. Les signes du présent sont mauvais, avis de tempêtes. Je focalise sur trump parce qu’il est exemplaire de tempêtes plus proches, plus latentes. Symboliquement, le jour où il sera mis de côté, j’ai l’impression que la donne sera changée, plus largement. Il porte avec lui l’ensemble de ce qui est laid, parce que sans espérances de vie, seulement l’immortalité vide de la mort. Il veut mettre son nom partout, comme un mauvais génie qui avale tout ce qu’il touche. Il promet sa statue en or. La soif de l’or est sa tige centrale. C’est incompatible avec la vie, pour résumer. Les merles commencent à parler dans la lumière grise, je ne les ai pas entendus hier. Si les merles et merlettes étaient maîtres et maîtresses du monde, est-ce qu’ils et elles tolèreraient qu’un outil chante à leur place, parle à leur place et dessine dans l’air leurs vols à leur place. Les noms posés sur les objets sont faillibles, incorrects. Le problème du réel, parfois, ce n’est pas le réel, mais sa représentation. La tapisserie de la reine mathilde n’est pas une tapisserie mais une broderie qu’aucune reine appelée mathilde n’a touchée. Sous le portrait de trump, il n’est pas écrit "soif de l’or", ou "soif de vie éternelle et de mort d’autrui par écrasement", ce qui serait pourtant, de façon descriptive, assez juste. J’apprends que les chevaux des peuples gaulois étaient si petits que les cavaliers gaulois avaient les pieds qui touchaient le sol. Les images de vercingétorix sur un alezan d’un mètre quatre-vingt au garrot peuvent être, au choix, comiques ou inquiétantes, selon l’implication dans le jour et la qualité de sa lumière.
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Messages
1. block note - merles, 28 décembre, 18:33, par brigitte celerier
tu es magicienne, capable de tirer tout ou n’importe quoi de tout et comme telle te faut poser des dates butoirs comme limite et talisman...
pas certaine que ce qui remplacerait Trump (parmi sa cour) ne serait pas pire ou à peine différent
soyons des merlettes