block note - oreille
jeudi 14 novembre 2024, par
J’ai réouvert bluesky hier avec l’idée qu’on ne devrait pas se laisser voler la communication ni l’imaginaire du progrès. J’ai le souvenir des premiers blogs et du début de twitter comme de petits fanzines, de la découverte de la sérendipité, d’une sorte de mise au pot commun de réflexions, d’expérience, d’expos, de photos, de créations, l’utilisation d’un outil pour toucher ce qui était trop loin dans l’ordinaire d’une journée de contacts réduits, tel ou telle façonnait quelque chose à des kilomètres de là et le mettait à disposition. J’ai fermé mon compte twiter il y a des années, je n’ai pas la mémoire des dates, à cause d’un burn-out, d’un trop plein de tout, et puis parce qu’à un certain point la soif d’approbation ou de reconnaissance s’emballe, tourne au vide infini à combler. Ça n’a pas cessé de s’aggraver, ce faux remplissage. Ce serait comique, si tous les humains à caractère humain quittaient twitter changé en x. On verrait sans doute la machine continuer un moment seule, les robots se parlant entre eux, et pas très gentiment, comme avec ce compte géré par une ia, calé sur les données les plus cliquables, devenant fasciste en vingt-quatre heures. Pour l’instant, et de ce que j’en ai vu hier, bluesky ressemble un peu au twitter des débuts, même s’il faut se méfier du désir d’être plus visible, une quête jamais assouvie, qui résonne peut-être avec quelque chose de l’enfance, vouloir plus de cadeaux, plus de chocolat, plus d’amitiés, plus de marques d’intérêt, de signes d’affection. Nous sommes jeunes, et nous sommes vieux, ou bien nous sommes des vieux qui voulons rester jeunes, peau repulpée anti-âge lisse tonique perfection, mais est-ce que nous sommes assez vieux pour savoir où mettre les pieds, assez jeunes pour le radical, le barrage aux pulsions de mort, murs, bombes, reconductions aux frontières et autres saloperies, quel est notre âge finalement, et est-ce que ça compte ces catégories, autrement que comme clientèle cible pour investissements. Par bluesky, je découvre l’histoire médiévale de la surdité grâce au travail de Megan Kateb. Au passage, j’apprends la tenue du congrès de Milan, 1880, « troisième congrès international pour l’amélioration du sort des sourds », qui interdit l’usage des signes pour forcer sourds et sourdes à oraliser, ce terme ’amélioration’ utilisé en toute sincérité visiblement, pour priver de moyens et contraindre autrui dans sa différence, même subie, même non désirée, et non apparente extérieurement, à faire comme tout le monde. Uniformiser, uniforme, militaire, obligation, domination, c’est redondant tout ça, et vivace autant que pénible, ce qui me fait transformer par momogami une page d’une vieille encyclopédie de la guerre, en représailles.
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Messages
1. block note - oreille, 14 novembre 2024, 19:51, par brigitte celerier
ne connais pas bluescky... première fois que je vois le nom et je reste sur twiter (uit pour le bonhomme qui a changé le nom, en tentant de me persuader que ce n’est pas parce que "la soif d’approbation ou de reconnaissance s’emballe, tourne au vide infini à combler.", ce à quoi je tente de me persuader que je ne cède pas ou pas vraiment... mais même si ce n’est que pour la surprise d’avoir été un peu accetée pour le petit plaisir de rompre cette solitude que j’avais su conserver malgré famille et journées envahies par des gens (métier dit de service)... mais des envies de tout fermer quand je crois deviner que la civilité se change en complaisance...
j’aime ta vengeance (internet offre des plaisirs)
1. block note - oreille, 15 novembre 2024, 13:57, par c jeanney
franchement bluesky c’est comme twitter, même emballage et possibilités, sauf que le logo est un papillon blanc sur fond bleu
civilité et complaisance, je vois bien la nuance, tout en ne voyant aucune trace de complaisance polie envers toi, Brigitte (les gens aiment tes interventions textes photos, et voilà tout)))
2. block note - oreille, 15 novembre 2024, 08:49, par PdB
la reconnaissance, c’est important (mais pas le plus important - il n’y a pas de concurrence, de volonté de gagner, la performance se dépasser et sortir de sa zone de confort : toutes ces horreurs contemporaines ou pas - pour facebook c’était pour mélico qu’on y est allés (avec Hélène) mais j’ai continué (pas elle) - pour bluesky j’irais pas (mon côté bourrique tsais) (mais je ne fais pas savoir...)
1. block note - oreille, 15 novembre 2024, 14:05, par c jeanney
moi je me demande pour facebook
concrètement quand j’y suis, je vois passer sur mon fil des posts dont je ne sais pas pourquoi ils sont là, des groupes que je ne suis pas, des nouvelles de bricolages, astuces, recettes etc, et très peu de ce que font/disent/publient les amis et amies choisies
je crois que c’est l’algorithme, il est autoritaire
par lassitude je me dis tant pis, pourquoi pas une technique pour faire briller ses robinets ou un chat sur un trampoline, mais bof
l’avantage de bluesky c’est qu’il n’y a pour l’instant pas de publicité, et que je ne vois que ce que les comptes que j’ai choisis publient, ça fait déjà plus sens
par contre si je quitte facebook je ne peux plus guetter les activités de l’atelier d’écriture du tiers livre par exemple -(pff, c’est compliqué cette affaire là)
("sortir de sa zone de confort", c’est le pire, du bon vieux management toxique, et Yohann Chapoutot en parle bien https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/la-grande-table-idees/les-influences-nazies-du-management-moderne-6089887)