J’ai presque fini de revoir le BAT de Bien assise, et j’ai voulu tout changer (de la ponctuation), puis j’ai voulu ne rien changer, puis j’ai tenté la balançoire entre tout et rien, quand j’étais petite il y en avait une dont un des pieds était descellé du béton, et mon pari personnel consistait à me balancer juste assez fort pour que ça se soulève un peu, mais pas trop fort pour ne pas donner l’alerte, parce que c’était ce qu’il y avait d’unique dans cette balançoire, son pied, le pied avant-droit, libre de claquer, et comme je voulais que ce claquement libre reste, il fallait qu’on ne le répare pas. C’est peut-être pareil avec ce BAT. Est-ce qu’on progresse un jour. Ou est-ce qu’on digère seulement. Je voudrais tenter de digérer, je veux dire archiver, le projet d’exposer mes collages dans une librairie salon de thé près de chez moi. Finalement la boutique a fermé. Elle est vide. Je n’ai aucune idée de l’endroit où se trouve mon sac, contenant mes collages encadrés et quelques exemplaires de mes livres qui devaient être offerts au feuilletage pendant l’expo. Avec un peu de chance, la propriétaire me contactera. Avec un peu de chance elle me rendra mon sac. Je n’ai pas clôturé mon compte facebook car c’est le seul "lien" que j’ai avec elle. Un drôle de lien, qui ressemble à une sonnerie de téléphone dans une pièce vide. Il y a un coup de téléphone dans une pièce vide dans Bien assise. Je ne sais pas si les deux sont liés. Ou peut-être que si, peut-être qu’au fond je sens que les deux sont liés, mais c’est inexplicable, un mot qui ressemble à inextricable. Et puis, toujours ce sentiment qu’en ce qui me concerne (l’expo, mon travail disparu) ça n’est pas important, mais que c’est grave. J’ai du mal, je crois, à faire comprendre ça, ce que j’éprouve, l’égalité entre les deux savoirs, savoir que c’est dérisoire, savoir que c’est primordial, issu de la même source, du même claquement. [1]

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