block note - pis
mardi 14 janvier 2025, par
Peut-être que j’en suis toujours au même point, peut-être que le block note me sert à me répéter sans avoir l’impression de me répéter en me forçant à formuler différemment ce toujours au même point, ce même malaxage du même nœud. Il y a soi, il y a le proche, il y a l’autour. Comment faire pour réussir l’alliage entre les trois, la bonne recette. Ça devrait se nourrir l’un l’autre. Ça devrait être comme une table de mixage avec des variations, les zones plus ou moins colorées, plus ou moins grandes, du soi du proche et de l’autour, qui devraient fluctuer harmonieusement (il y a une partition parfaite qui existe dans ma tête), mais dans la réalité, non, je ne pense pas, non, le soi toujours trop lourd ou trop vorace, le proche qu’il ne faut pas manquer, l’autour qui ne doit pas manger ni le proche ni le soi. Le bruit, c’est la matière, comment l’écouter en repoussant le vouloir s’isoler, comment entendre le bruit (bruits) sans qu’il abîme le proche et soi, éviter la posture du seul au monde dans un monde brutal (comme si on pouvait s’en dégager, comme si on n’était pas brutal soi-même, qu’on s’extrayait de la mêlée, comme si on était roi). Refuser le désir de se préserver, d’être au-dessus ou à côté quand c’est dedans qu’on veut aller. Éviter les ondes grises, pesantes pour rien et inutilisables, inévitables, que fabrique cette matière, et on y participe. Je ne peux pas faire comme s’il ne se passait rien, tout ce qui se passe est mon sujet, et tout ce qui est mon sujet m’écrase, j’ai besoin de cet écrasement pour comprendre à quel point il faut, il faut y aller, je dois y aller, et je ne sais pas pourquoi. Je pourrais choisir autre chose. Tricoter des mitaines toute la journée. Écouter le clavier bien tempéré toute la journée. Regarder Klee toute la journée. M’en tenir à acheter du produit vaisselle et de l’anti calcaire pour la douche. Regarder les oiseaux toute la journée. Être calme et tranquille (je suis venue). Mais non. C’est comme un geste compulsif. Il faut que. Je ne sais pas comment. Il faut que. Je ne sais pas comment. Une autre que moi et qui aurait ma tête me dirait « oui, ça s’appelle vivre, ton truc » et elle se moquerait gentiment. Alors je saurais faire, délibérée, libérée du sans savoir comment, peut-être jusqu’à la prochaine fois.
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Messages
1. block note - pis, 14 janvier, 20:04, par brigitte celerier
une parfait analyse
(et l’écoute, les oiseaux etc... y céder juste ce qu’ii faut pour les dire si on ne sait formuler aussi bien cela)
ou si on en est capable fabriquer la beauté donr la photo vient se poser sous le grave