TENTATIVES

« la vie ça éparpille des fois / ça chélidoine et copeaux / ça bleuit ça noisette » [Maryse Hache / porte mangée 32]

BLOCK NOTE

block note - point de repère

jeudi 21 novembre 2024, par c jeanney

La logique de ce qui arrive à soi et s’y installe est assez fumeuse, dans le sens de brumeuse, dans le sens de fumerolle éteinte par un courant d’air, parce que parfois ça nous passe au-dessus, on ne le voit pas vraiment. Par exemple dans la Légende des siècles, Pierre Michon reçoit Booz endormi comme une beauté collée à lui, en lui, en autobiographie de sa vie (je dis à ma façon ce qu’il explique dans cet entretien), ça lui arrive et ça lui reste, ce qui fait sens germe en lui, il y a une ligne parallèle qui le suit, la vieillesse, la descendance, l’incapacité de voir ce qui est sous ses yeux suivie de la découverte merveilleuse de ce qui ne se voyait pas. Moi ça ne m’est pas resté, parce que ma logique fumeuse personnelle m’a fait recevoir à la place La Conscience, que j’ai appris par cœur, que je connais encore par cœur sans avoir besoin de réviser. Je le garde, je l’ai gardé, il suit ma parallèle à cause des tentatives échouées, même les plus considérables, et on lia chaque bloc avec des nœuds de fer, l’ombre des tours faisait la nuit dans les campagnes, sur la porte on grava défense à Dieu d’entrer, de toutes ses forces on fait barrage, de toute sa technicité, avec le plus de ruse au sens d’intelligence, mais la réponse ultime est un trou dans la terre, un simple trou. L’idée, c’est que tenter d’y échapper, c’est coup d’épée dans l’eau. Le dernier vers c’est le glas qui rend muet et point final. Mais je ne sens/ressens pas ce point final comme une fin. Déjà la phrase s’arrête avec le mot Cain. Pas sur la mort, pas sur le vide, mais sur Cain et donc sur nous, puisque Cain c’est nous. Et ça n’est pas non plus une fin à cause du verbe regardait. Si on regarde, si on se trouve en position de regarder, c’est qu’une suite viendra. Il y a une sorte d’humilité de ne pas savoir quoi, de mettre un point après regarder, après nous, qui ne vaut que pour ce qu’il est, un petit point comme un petit trou dans la terre, mais qui n’empêche pas l’après, à nous de faire, à nous ne prendre à notre compte, à nous de tenter de comprendre quel est l’œil qui nous fixe, en quoi cet œil, le notre, nous concerne. Pour moi c’est un mode d’emploi. Et j’aime aussi cette technique de la chute, l’œil était dans la tombe, parce que ce n’est pas une chute en forme de fin, en forme de résolution ou de solution, c’est un retournement. Tu croyais que c’était là-haut, mais c’est dans tes poumons, sous tes paupières. Et un retournement, pour moi, c’est comme un dévoilement, une découverte, qui interroge des deux côtés, à la fois ce qu’on voit et la place qu’on occupe ou qu’on croit occuper, la chute fait basculer, on change de perspective et de position. Dans mon esprit chute et création sont liées, une goutte filmée en slow motion qui éclabousse l’autour, gros plan, et dans des proportions dantesques pour les fourmis, pour nous, comment s’orienter et composer en tenant compte du tout y compris soi, du tout et soi en bloc.

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