C’est lent et c’est re-lent. À cause d’une mauvaise manip ou d’un bug de mon traitement de texte, je dois revoir depuis le début la mise en page de trois jours de travail (cent fois sur le métier, etc.). Je dis beaucoup de gros mots. Ma connexion internet patine. Passé l’énervement ou l’impatience, je me demande comment je ferais sans internet. Je devrais sans doute aller chercher une connexion ailleurs, café, médiathèque ou je ne sais où. Est-ce que c’est amovible ce que je fais ? et est-ce que ça tient dans un sac ? ça pourrait. Ce serait un grand changement au quotidien, de mises en perspectives et de mises à distance. Je n’ai pas repéré le moment de bascule, le jour précis où avant lui je savais vivre sans, sans éprouver de manque, ça allait de soi. Je ne pense pas repérer les prochains basculements avec plus de lucidité (la tête dans le guidon, dit l’expression). C’est drôle comme on passe à côté des événements parfois. Ce matin, j’apprends qu’une chanteuse, icône LGBTQI+, est une vaillante supportrice de trump. Les gens qui l’aiment visiblement ne le savent pas. C’est fou comme la fiction tire par le bras. Je finis sur le fil la minute papillon qui doit paraître demain. Je me demande si une ia saurait fabriquer une minute papillon. L’ancien ministre de l’éducation dit qu’il ’compose’ (avec ia), et je remarque qu’il n’a pas su copier Rimbaud dans le prompt sans faire de coquille (’me montRera dans l’âme" chante sa fausse voix). Le verbe croire est vraiment important, partout. On se croit, on y croit, c’est humain. Par exemple, on croit aux grenouilles humaines de Loveland (c’est beau, sans internet je ne saurais pas). "Tu crois aux grenouilles humaines de Loveland, toi, non ?" n’a pas dit le journaliste au ministre ’compositeur’.

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