block note - reliant
lundi 4 août 2025, par

À force de manger de la reliure je vois de la reliure partout. Sur le trottoir un bâton d’esquimaux qui traînait près de la poubelle m’a semblé pouvoir faire un bon plioir, mais je me suis retenue de le ramasser ("et en le désinfectant ?" j’ai pensé, et puis non, j’ai continué mon chemin bravement comme un être civilisé). Je lis des conseils sur des forums, par exemple se procurer dans une brocante un kit de dissection pour étudiant en biologie, et ça donne envie cette pochette d’outils précis, qui pourraient par exemple replier un coin minuscule pour un dos collé au lieu d’ouvrir en deux les yeux d’une vache.
→ hier j’ai fini le prototype 4 qui est une déclinaison du prototype 3 mais plus solide. C’est le bon. J’y suis. Ça y est. J’ai maintenant LA Procédure. Si je croise une personne qui, comme d’habitude, me demande son chemin et qui par extraordinaire ajoutait "Savez-vous où je pourrais me procurer Les Vagues de Virginia Woolf dans une nouvelle traduction ?", je peux répondre "donnez-moi deux ou trois jours, le temps de la fabrication et du séchage, et vous l’aurez". C’est mon premier livre-livre. Le livret Kg était une proposition de façonnage personnel de petites dimensions, un objet qui tendait plus vers le décoratif. Là, c’est un livre-vrai-livre de 216 pages. Maniable. Pas plus fragile qu’un autre livre. Que je peux laisser dans la bibliothèque sans rougir (alors que les prototypes 1, 2 et 3 resteront dans un coin privé du bureau, un peu comme des sous-vêtements dans un tiroir). Aujourd’hui, étape suivante : le do it yourself de ce livre-Vagues. J’ai peur qu’il soit un peu compliqué, mais je vais tenter. Au fond, je reste légèrement stupéfaite quand je regarde ce livre. J’ai réussi. Ça y est. J’y suis arrivée. Une part de moi pensait que c’était ce genre de projets qui restent du domaine du rêve, comme aller un jour sur Rapa Nui ou faire du sport, le genre de bonne résolution qu’on se donne mais dont on sait que ça ne se fera pas. Mais non. C’est fait. Le livre-Vagues est là. Il a commencé d’exister il y a des années, aussi improbable qu’une licorne, qu’une eutiara decorata ou quelque chose y ressemblant. Il est là. C’est comme s’il m’offrait un lieu bonus, un extra, l’endroit inaccessible qu’on ne voit que sur papier glacé. Je ne vais plus m’arrêter, je veux dire de fabriquer des livres de mes mains. Je peux en faire de toutes les tailles et avec tous les contenus qui me passent par la tête. Je n’ai pas fini de découvrir. J’ai déjà des idées pour le prochain volume, le livre qui regroupera ma traduction des Vagues + le texte original + mon journal de traduction, donc bien plus de 216 pages. Et d’autres idées, des livres fanzines, des expériences de reliures, relier est un verbe épatant.

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Messages
1. block note - reliant, 4 août, 18:52, par PdB
(il a l’air beau - tant mieux et encore bravo) (si tu fais une revue, ou quelque chose de ce genre, je te donne quelque chose avec plaisir) (trop bien et encore bravissimo !!!)
1. block note - reliant, 4 août, 20:43, par c jeanney
Merci Piero, je suis en train de préparer le do it yourself, c’est bien coton d’expliquer clairement (et aussi j’ai oublié de prendre en photo certaines phases, donc je me retrouve gros jean comme devant) (drôle d’expression, dont je viens de lire qu’elle serait une référence à Lafontaine et au terrible drame du pot au lait) (du pote au laid, dirait Gotlieb :-))
2. block note - reliant, 4 août, 20:28, par brigitte celerier
pardon Christine pour ma sottise, ne lis pas le truc ci-dessus qui n’en vaut pas la peine, mais mon pauvre petit commentaire bétassou à ton billet :
Christine est indomptable ! et moi je souris en passant au bâton d’esquimau et au lit de dissection
1. block note - reliant, 4 août, 20:44, par c jeanney
indomptable, je ne sais pas (ta bêtise par contre est inexistante) (ce que je sais, c’est que la colle à bois laisse une peau translucide sur les doigts et j’aime bien, voilà ma rébellion :-))