block note - réutiliser
mardi 18 mars 2025, par

J’ai un certain nombre de carnets, je n’ose pas les compter, utilisés n’importe comment, dans un sens ou dans l’autre, pages vides, feuilles volantes, des carnets mélangés à l’intérieur, par exemple des brouillons de textes sur lesquels j’ai travaillé suivent une liste d’obligations à assurer, ou de bonnes résolutions, ou de questions plus larges, parfois même un rendez-vous médical noté à la va-vite en attendant de rejoindre le post-it sur le frigo. Au départ, je suis comme une élève à la rentrée des classes, fière de recouvrir ses nouveaux livres et de placer l’étiquette avec son nom qu’elle a calligraphié, j’ai acheté un carnet, ce carnet pour un usage précis, un beau carnet (un texte précis, une visée explicite), et puis les choses se font et au moment de le chercher s’il n’est pas là je prends un carnet plus ancien, mais disponible, et puis je passe à autre chose et je le retrouve, donc je l’ouvre pour un autre usage et au final tout est foutraque (quand on ramassait les cahiers pour évaluer le sérieux des élèves j’avais quelques crampes d’estomac). Je ne sais plus quand, l’année dernière ou la précédente, j’ai commencé l’écriture du matin, à la Julia Cameron. C’est autre chose, ce ne sont pas des notes qui peuvent servir ou être réutilisées, c’est l’écrit "tirer sur la pelote de ficelle du cerveau, sans jugement, au présent". C’est une façon de commencer la journée par un nettoyage de tête (pour ce qui est de mon expérience, en écrivant ce qui me pèse je m’en éloigne un peu, ou au contraire je le coince dans un angle pour mieux l’attraper par les cheveux). Normalement, j’aurais dû consacrer à cette pratique des carnets spécifiques, et dédiés à, reconnaissables par leurs formats ou leur couleur, mais non, bien sûr que non, sinon pourquoi est-ce que j’aurais noté dans ces carnets et à plusieurs reprises, en le soulignant, "s’organiser". Le problème avec l’écrit à la Julia Cameron c’est qu’il n’a pas à être relu, ou seulement dans une perspective de bilan, ce que je ne fais pas. Je n’ai pas envie de relire cet écrit là. Du tout. J’ai bien trop peur de constater qu’à plusieurs semaines, mois, années d’intervalle, j’ai toujours les mêmes travers, angoisses, naïvetés, même en y réfléchissant, même en les couchant par écrit, même en les exorcisant par l’écriture. Je devrais jeter tous mes carnets, tous puisque tous sont "infectés" par la juliacameronite, mais ça me semble "impropre", déplacé. Alors je commence à en arracher les feuilles, je les assemble couci-couça avec du scotch, et je peins dessus.

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Messages
1. block note - réutiliser, 18 mars, 19:06, par PdB
trop marrante toi... mais tu as raison (sans doute probablement qui sait ?) réutiliser c’est plutôt bien - ça me fait penser à ces wabi-sabi dont on se sert un peu toujours dans le bricolage - ou à la suite raku qu’on a abandonnée d’ailleurs - plus ou moins...
1. block note - réutiliser, 19 mars, 11:13, par c jeanney
ah mais je ne connaissais pas "wabi (solitude, simplicité, mélancolie, nature, tristesse, dissymétrie…) et sabi (l’altération par le temps, la décrépitude des choses vieillissantes, la patine des objets, le goût pour les choses vieillies, pour la salissure, etc.)", et j’aime oui oui ! merci Piero))))
2. block note - réutiliser, 18 mars, 23:49, par brigitte celerier
je mélange des notes prises dans le noir pendant un spectacle qui ne peuvent être déchiffrées mais me ramènent en mémoire à l’instant où elles ont été tracées, des a o i e en modèle pour in jeune et des conjugaisons, les dfférentes façon d’écrire le son é, des brouillons pour les ateliers du tiers.livre, un haïku sir la sensation en marchant, et quand la pile est de quatre ou cinq je les jette..
1. block note - réutiliser, 19 mars, 11:17, par c jeanney
oh, ils doivent être très beaux tes carnets Brigitte (j’avoue que j’aimerais bien être petite souris, et les récupérer)))