block note - talon
jeudi 25 septembre 2025, par

Hier envie de tout laisser tomber. C’est-à-dire tout. Ne plus écrire. M’occuper de mes plantes ou apprendre le japonais. Faire le ménage en grand (enfin). Trouver d’autres recettes de patates douces, purées et criques aux herbes, et ce serait ça, la journée passerait, puis regarder le soir, par exemple, un film avec Kirk Douglas, Spartacus, Les Sentiers de la gloire, pour retrouver quelques fragments d’une amérique rêvée, et puis me tenir au courant de comment va le monde, simplement. Rien que ça est une occupation, chronophage, terrible, déstabilisante, inamicale, rageuse, vigoureuse quand la chance s’en mêle (ou furieuse quand les clones de bernarano polluent plus que les nappes phréatiques mais aussi l’intérieur des têtes) (saluant ce "vent d’optimisme" qui soufflerait aux usa, vent matérialisé par un bras levé) (ça n’a rien de neuf, j’ai entendu hier que gallimard avait vanté sa volonté de ’nettoyer son fond’ dans une lettre à vichy, et en cherchant confirmation de ce fait attrapé au vol de l’écoute je trouve : "Si l’on savait que les premières listes d’interdits avaient été dressées à Berlin et à Leipzig avant l’entrée de la Wehrmacht dans Paris le 14 juin 1940, on ignorait que, du côté des éditeurs français, un travail d’épuration parallèle des fonds, d’essorage des catalogues, avait été effectué de manière préventive dès les mois de juillet et août 1940. Comme le dira, avec une certaine dignité, la gérante de la Librairie Payot à Henri Filipacchi et aux dirigeants des PUF qui s’étaient livrés, comme elle, à ce premier tri sélectif, c’était une chose de ne pas provoquer la colère de l’Occupant en retirant des vitrines ou des catalogues des auteurs antinazis ou juifs. C’en était une autre que de livrer sa propre liste aux autorités allemandes, ce que firent avec empressement ou zèle Henri Filipacchi pour les éditions Hachette, Louis Rischhoffer chez Flammarion, Victor Bassot chez Tallandier, Lucien Tisserant chez Fayard, Kyriack Stameroff, le beau-frère de Pierre-Antoine Cousteau, chez Gallimard, Georges Poupet chez Plon, et Bernard Grasset pour son propre fonds. Celui-ci avait d’ailleurs pris les devants, cherché à publier dans la presse des articles où il exprimait sa communauté de vues avec les nazis, antisémitisme, antimaçonnisme et anticommunisme inclus ".) Bref, j’avais envie de ne plus avoir envie, comme dirait un proverbe qui n’existe pas. Et puis ça change, les choses changent, ça vient de l’extérieur, l’appel d’air, la tonicité retrouvée, avec Les Cénaclières, que je réouvre avec chaque fois la sensation de découvrir un espace plus que grand, multiple, une sorte d’installation cosmogonique (c’est mon livre-de-l-année, mon livre-de-plusieurs-années, je pourrais dire le livre). Et découvrir ici que l’origine du livre de Marie-Anaïs Guégan et Romain Lossec se trouve dans des forums, quelle joie. Et voir que ce livre sort de ses gonds, sort du papier, encore plus. J’ai envie, à nouveau envie, de fabriquer, une chose, une autre (comme rejoindre Nor Do pour traduire en français Plago de Tatiana Stroll).

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Messages
1. block note - talon, 25 septembre, 22:00, par brigitte celerier
ah faudrait que j’aille plus loin que lire le nom des Cigalières mis voilà je me noie dans les bases de ce boulot vivre
pour un temps savoir que c’est là disponible