TENTATIVES

« la vie ça éparpille des fois / ça chélidoine et copeaux / ça bleuit ça noisette » [Maryse Hache / porte mangée 32]

BLOCK NOTE

block note - tour

lundi 18 août 2025, par c jeanney

D’un côté il y a des gens qui se démènent beaucoup pour créer quelque chose. Il y a des gens qui se démènent beaucoup pour vivre, les gens qui se luttent pour contrer la fatigue, pour arracher à la racine tout ce qui provoque le désespoir. J’ai entendu une phrase hier avec le mot "empathie", j’ai oublié de la noter, elle était belle, explicative, logique et rassurante. Nous devrions porter des capteurs, un peu comme les anciens thermomètres avec leur bille de mercure, sauf qu’au lieu d’indiquer s’il fait chaud, ils montreraient la teneur en empathie, et aux personnes qui en manqueraient on distribuerait des doses, comme des cachets de vitamines, ou ces pastilles d’iode à avaler en cas de guerre nucléaire, guerres nucléaires provoquées par un manque d’empathie extraordinaire. Le cerveau humain aime trouver une solution unique à tout, aussi je me réjouis de trouver l’empathie comme remède universel. Maintenant, ça pousse comment ce machin-là. Je sais de source sûre où ça ne pousse pas. Ça a à voir avec la création, avec la volonté de vivre sans propager le désespoir je pense, et s’il n’y a pas ces terrains propices à se démener pour fabriquer autre chose que la mort, l’empathie devient rare, ou sèche comme un vieux grain de raisin, et puis dure, et puis elle tombe et finit en poussières. Si ça se trouve, nous respirons dans l’air ses particules stériles, et nous nous habituons à respirer ses fumées toxiques, comme je ne sais plus quel roi prenait du poison tous les jours en petites quantités pour tenter de s’immuniser. J’ai oublié son nom, il est mort dans l’oubli. S’il avait peur qu’on l’empoisonne, ça ne devait pas être "une bonne personne" comme disait mémé Katrine avec son accent yougoslave, du temps où on trouvait la yougoslavie dans les atlas, du temps où les pierres étaient molles et où les animaux parlaient, il y a eu des temps mémorables et d’autres pas, peut-être que leur mémoire est liée à l’importance qu’on accorde à des trucs aussi simples que l’amour ou bien le manque d’amour. Peut-être qu’on manque d’empathie quand on n’a pas reçu d’amour, il faudrait un capteur qui montre comme un thermomètre la quantité d’amour reçue pendant l’enfance, je pourrais parier que les gens détestables ont été détestés. Quelle triste enfance il faut avoir pour lancer des troupes, bombarder, désirer avant tout inspirer la puissance et la crainte. On devrait les prendre en pitié, tous ces empereurs inquiets qui laminent des pays entiers, sauf que ce serait montrer de l’empathie à perte, en verser dans un trou sans fond, surtout parce qu’eux fabriquent du manque d’amour en quantités industrielles, et on tourne dans la roue du hamster.

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(site sous licence Creative Commons BY-NC-SA)

Messages

  • "Nous devrions porter des capteurs, un peu comme les anciens thermomètres avec leur bille de mercure, sauf qu’au lieu d’indiquer s’il fait chaud, ils montreraient la teneur en empathie, et aux personnes qui en manqueraient on distribuerait des doses, comme des cachets de vitamines, ou ces pastilles d’iode à avaler en cas de guerre nucléaire, guerres nucléaires provoquées par un manque d’empathie extraordinaire. Le cerveau humain aime trouver une solution unique à tout, aussi je me réjouis de trouver l’empathie comme remède universel" oui... quant à savoir comment ça vient, je pense que je ne suis pas seule à le chercher

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