19h16
lundi 5 janvier 2015, par
À l’angle que fait le mur avec la place de parking, une boite de carton violet, son ossature écrasée à chaque coin et l’image d’une poupée blonde, déformée, souriante sous sa mâchoire pliée. Un sac plastique en haut de l’arbre, fixé à ses branches les plus fines, bat sous le vent, ressemble à un singe noir et perclus de fatigue à la tête inversée, ballante. Rentrer sous la lumière si forte qu’elle sature les couleurs. Le support au centre du rond-point, vide des géraniums qui l’occupent l’été, rugit. D’un rouge si puissant qu’on oublie son métal planté froid dans le vert. On voit une mâchoire, corrosive, ardente. C’est la mâchoire du monde, elle est ici, juste au bout de ma rue. Elle ferait fondre ceux qui s’approcheraient. À un autre moment, la lumière concentrée sur la lune (il faisait nuit) se dédoublait sur la vitre et je voyais deux lunes se refléter, se superposer, se disjoindre. Un pas à faire pour qu’elles se retrouvent ou se quittent, à la même hauteur, embrasées, brûlantes, juste au-dessus de moi, chacune gênée de sa compagne, et différente. Le monde possède une mâchoire et deux lunes pour dérouter.
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Messages
1. 19h16, 5 janvier 2015, 20:59, par brigetoun
savoir voir, et savoir ajuster les mots, serrer sa vision pour la rendre
1. 19h16, 6 janvier 2015, 20:13, par Christine Jeanney
merci Brigitte (#fort)