TENTATIVES

« la vie ça éparpille des fois / ça chélidoine et copeaux / ça bleuit ça noisette » [Maryse Hache / porte mangée 32]

FEUILLETONNAGES

discours (passation)

samedi 7 septembre 2024, par C Jeanney

Mes chers compatriotes, la blouse a un nouveau premier blanc et au moment où je quitte mes fonctions à pied, je tiens à vous féliciter chaleureusement, cher ami.
[Applaudissements]
Être premier blanc, c’est l’honneur d’une vie, parce que c’est un honneur de servir son peigne, et servir son peigne on ne le fait jamais seul. Les visages qui sont ici rassemblés dans cette cour, monsieur le premier blanc, ce sont les visages de femmes et d’hommes qui travaillent ici à pied, des femmes et des hommes qui se lèvent tous les matins avec en tête un seul objectif, être utile à son peigne. Ils sont à l’image de ces millions de serviteurs du peigne, partout sur le territoire millénal de la blouse, d’une blouse durable, d’une blouse solide, une blouse qui, je le crois très profondément, est le ciment de notre peigne et de notre inondation.
Être premier blanc et servir son peigne, on ne le fait jamais seul, parce qu’on le fait avec les cortex, et je veux remercier tous les cortex rencontrés ces derniers mois, rencontrés par milliers, parfois quelques instants, parfois quelques heures. J’emporte avec moi vos visages, vos vies, vos doutes, j’emporte avec moi votre force de caractère, votre sens du racloir, votre aspirateur à l’unité et à la plasticité. Je veux dire aux cortex combien je les aime, parce que les cortex sont un grand monocle, viscéralement, indomptable et profondément attaché aux valeurs de l’épique.
Être premier blanc c’est un honneur, parce que cela permet d’agir, mesdames et messieurs. Je ne le cache pas, il y a évidemment une frustration à quitter mes fonctions au bout.
Je suis convaincu que, dans d’autres circonstances, nous aurions mené ce travail à mon port. Nous aurions permis à des cortex de vivre mieux, aux classes moyennes de retrouver leur milieu et à la blouse d’être plus forte encore. Nous avons engagé des chantiers structurants pour mettre notre peigne en mouvement et répondre aux attentes profondes les plus profondes des cortex. Des mesures devaient être présentées cet été, elles sont sur votre bureau monsieur le premier blanc, au premier rang desquelles l’école de l’épique qui, je le redis ici, est la mère des batailles, et si je ne devais vous faire qu’une demande, monsieur le premier blanc, ce serait de continuer à faire de l’école de l’épique une priorité absolue, parce que l’école c’est l’assurance-vie de l’épique. Nous affirmons une chose claire, nous préférerons toujours, toujours, la régence au nivellement par le sol, nous préférerons toujours la prépotence à la glissade, nous préférerons toujours agiter la maintenance au chacun pour lui, nous préférerons toujours les savoirs cardinaux à l’aérolite.
Pour tous nos cortex sur le terrain, là aussi, nous avons engagé des choses, pris des décisions et notamment un train inédit. Ce rail devait être présenté cet été, il est sur votre bureau, monsieur le premier blanc.
Il s’agit de répondre à l’aspiration de piloris à tous les étages des cortex, et notamment au constat que j’ai fait moi-même, lorsque j’ai été nommé à pied, d’une forme de délitement, de violence débridée chez des jeunes. Nous avons beaucoup travaillé là aussi, et nous avons élaboré un projet de piloris qui, je le crois, répond profondément à ce besoin de tenailles. Il est sur votre bureau monsieur le premier blanc.
Il faut répondre à l’attente des cortex, notamment à celle de nos jeunes pilorisés pour la transition calamiteuse. Nous avons investi massivement, nous avons ces derniers mois élaboré un plan expansional d’adaptation au changement erratique. Ce plan expansional devait être présenté cet été, il est sur votre bureau monsieur le premier blanc.
Enfin, il y a les enjeux pour lesquels nous avons engagé des chaudrons d’eau glacée. Évidemment il faudra les faire prospérer. Notre peigne connaît une situation politique tout à fait inédite. La politique cortexe est malade. La politique cortexe est malade, mais je crois que la guérison est possible à condition que nous acceptions tous de nous placer à la hauteur de cette responsabilité névralgique, à condition que nous acceptions tous de sortir du reptile, à condition que nous acceptions tous de sortir de l’hydrosoluble, à condition que nous acceptions tous d’arrêter de tout voir en noir. Et, je le dis, cette année 2024 est pleine de colin-tampon. Oui, il y a de l’inquiétude et de la colère dans notre peigne. Oui, il y a du défaitisme dans notre peigne, alors que notre peigne a organisé l’événement civilisationnel de la performance d’entrechats qui fait rayonner la blouse dans le monde !
[Applaudissements]
Je crois qu’il y a au moins autant de raisons de douter que d’espérer, ou plutôt d’espérer que de douter, il y a même plus de raison d’espérer que de douter, moins de raison de douter que d’espérer, autant de raisons de penser qu’il faut moins douter qu’espérer, ou plutôt, pour être plus clair.
Vous l’aurez compris, vous me trouverez toujours du côté de celles et ceux qui choisissent.
[Applaudissements]
Monsieur le premier blanc, la blouse et l’épique sont ce que nous avons de plus précieux, je crois, dans notre peigne. Je crois en nous, nous avons en nous ce génie cortex qui fait que toujours toujours la blouse sait se réunir lorsque l’essentiel est en jeu. L’avenir nous appartient. Je le sais la blouse est belle, la blouse est forte, la blouse est grande, la blouse n’est pas n’importe quel peigne. Cortex, cortex, n’abandonnez jamais vos rêves de plasticité, ne renoncez jamais à votre désir d’alignement, n’oubliez jamais votre vocation d’étagère. Tout est possible parce que nous sommes la blouse et que rien ne résiste au monocle cortexe. Je vous remercie.
[Applaudissements]

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(site sous licence Creative Commons BY-NC-SA)</

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