journal de bord des Vagues -1 [Leur chant est blank]
jeudi 7 février 2013, par
.
(puisque je suis incapable de faire ou penser quoi que ce soit d’autre, autant m’arrêter ici, prendre le temps de m’asseoir à côté et de formuler le journal de bord de ma traduction en cours, Les Vagues de V Woolf )
.
« The birds sang their blank melody outside. »
"blank", ce qui se passe avec ce "blank".
C’est la dernière phrase du premier fragment, une phrase clôture ou élan vers la suite, importante.
Juste avant elle, le soleil s’est levé, les vagues allaient, venaient, la mer se déroulait comme un tissu plissé, la lumière caressait l’arête d’un mur et dessinait les ombres, outside.
Comme l’horizon sépare la mer du ciel, un store blanc délimite deux espaces. Inside est "dim and unsubstancial" (je tente "voilé et sans matière", pour l’instant) et oustide sont les oiseaux.
Leur chant est blank (et pour moi, ce blank dit quelque chose comme pur, éthéré, éternel, abstrait, translucide, indifférent, harmonieux, stable, éphémère, muet, indéfini, infini, parfait, rare, disponible, ponctuel, atemporel, et le tout à la fois, aussi je peine à trouver le mot unique qui les contiendrait tous) alors je tente-tentative "Les oiseaux, dehors, chantaient une mélodie blanche".
Messages
1. journal de bord des Vagues -1, 7 février 2013, 16:32, par czottele
passionnant ! de nous faire partager tes cogitations tes doutes quant au mot juste ! Ce qui serait bien c’est que tu puisses joindre la parenthèse avec tous les autres mots auxquels tu as pensé, mais "mélodie blanche" semble inviter tous les possibles comme la toile du peintre ou la page blanche de l’écrivain... il y a aussi l’écriture blanche...
2. journal de bord des Vagues -1 blanche, 7 février 2013, 18:44, par Elizaleg
Passionnant en effet... et je trouve que cette "mélodie blanche" sonne plutôt bien... peut-être "leur mélodie blanche" ? (pourquoi laisser de côté le their) ?
(Mme Yourcenar a mis "leurs mélodies vides" !!! J’aime pas !)
J’espère que tu continueras à nous faire partager !
3. journal de bord des Vagues -1, 7 février 2013, 18:45, par L Suel
Journal de traduction, very good idea ! une mélodie monotone ?
4. journal de bord des Vagues -1, 7 février 2013, 19:00, par Christine Jeanney
oh oui, je me régale, écriture blanche, monotone, leur, j’aime tellement quand on doit questionner le plus petit mot (et je me disais tout à l’heure que traduire est une forme d’écriture sous contraintes, donc, et ça j’aime, assurément :-))
5. journal de bord des Vagues -1 le lendemain, 8 février 2013, 08:25, par Elizaleg
je viens de passer, impatiente de lire la suite !
6. journal de bord des Vagues -1 [Leur chant est blank], 9 février 2016, 15:05, par Tania
Incapable de lire Virginia Woolf dans sa langue, je viendrai suivre votre travail de traduction, une belle manière de relire "Les Vagues" dans le texte, si je puis dire.
1. journal de bord des Vagues -1 [Leur chant est blank], 10 février 2016, 13:57, par Christine Jeanney
Merci beaucoup (en fait, avec ce journal, j’aimerais installer ça, qu’on soit tous en train de lire, ensemble, autour d’une grand table, et moi je donne juste mon avis, en partage :-))
7. journal de bord des Vagues -1 [Leur chant est blank], 5 décembre 2023, 10:48, par Nicola
It’s strange but I see the word blank as something completely different as quite a negative and scary word for describing bird song, indicating some sort of mental unquiet.
1. journal de bord des Vagues -1 [Leur chant est blank], 5 décembre 2023, 16:39, par C Jeanney
Je comprends totalement ce que vous dites (pardon de répondre en français, je me sens moins malhabile dans ma langue).
C’est le souci avec la famille du mot, son territoire, qui est mouvant et change, non seulement selon les époques et les lieux mais aussi selon chacun, son histoire intime, son archéologie propre.
Peut-être que pour moi, "blanc" est une sorte d’état naturel, d’état premier, et vierge. Mais ça peut être saisissant, effrayant, on peut se retrouver "blanc de peur", c’est totalement vrai !
(merci de votre lecture en tout cas)