journal de bord des Vagues -3 [les sens, et sans forcer]
vendredi 8 février 2013, par
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(puisque je suis incapable de faire ou penser quoi que ce soit d’autre, autant m’arrêter ici, prendre le temps de m’asseoir à côté et de formuler le journal de bord de ma traduction en cours, Les Vagues de V Woolf )
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J’ai aussi à ma disposition des préfaces, études, etc. Mais je ne vais pas les lire, pas maintenant (plus tard sûrement, et peut-être à la fin du ’premier jet’).
C’est comme rencontrer quelqu’un. Quand on rencontre quelqu’un pour la première fois, on n’a pas besoin de fiches descriptives avec ses tenants, ses aboutissants, qui il est et où il veut en venir. On lui laisse la place de parler pour se donner la place de l’entendre.
Frappée par le changement de rythme aussi :
quand j’ai traduit Wilde, il y avait une forme d’urgence, sans doute la mécanique de la narration qui me poussait à avancer toujours, sans tenir compte du temps passé, submergée, enfouie, totalement dédiée à (monomaniaque).
Avec Les Vagues, c’est autre chose. Comme s’il fallait du temps d’abord, et s’arrêter au calme pour y entrer. Aller serein, s’asseoir. Fermer les yeux et écouter, et ensuite saisir ce qui peut l’être, l’esprit ouvert, total respect et sans forcer. Comme si c’était le texte qui, avant tout, posait ses conditions : une avancée inéluctable avec Wilde, la captation des sens avec Woolf.
Messages
1. journal de bord des Vagues -3, 9 février 2013, 06:33, par Pierre R. Chantelois
Intéressant parallèle entre deux auteurs que seule l’histoire peut réunir à nouveau par l’intermédiaire de la traductrice soucieuse du mot juste. Nous vous suivons chère amie.
2. journal de bord des Vagues -3 simultanéité, 9 février 2013, 08:45, par Elizaleg
En lisant cette note (deux le même jour, c’est Byzance !), je me suis demandé combien V. Woolf et O. Wilde avaient été contemporains l’un de l’autre. Pas très longtemps : la jeune Virginia avait 18 ans quand Oscar est mort, en 1900 tout rond. Mais ce n’est pas seulement l’arithmétique sèche des millésimes qui rattache l’aîné des deux au 19e siècle, tandis que l’auteur des Vagues appartient, résolument, à une autre ère de l’histoire de l’écriture, celle de Proust, de Joyce et de Kafka... Et une autre atmosphère, assurément, pour la traductrice à qui le texte dicte ses conditions.
1. journal de bord des Vagues -3 simultanéité, 9 février 2013, 10:21, par Christine Jeanney
oh oui, c’est très vrai cette différence ! merci Elisabeth, je n’avais pas replacé dans le contexte historique !