journal de bord des Vagues -75 ["tout est à moi"]
mardi 19 juin 2018, par
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(journal de bord de ma traduction de The Waves de V Woolf)
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« Le vent soulève le store » dit Susan, « les bols, les bocaux, les tapis, le fauteuil troué et élimé sont à présent distincts. Les rubans fanés habituels parsèment le papier peint. Le chœur des oiseaux se tait, seul un oiseau chante maintenant sous la fenêtre. Je vais enfiler mes bas et passer sans bruit devant les portes des chambres ; je vais descendre, traverser la cuisine pour aller au jardin en longeant la serre jusqu’aux champs. Il est encore tôt. De la brume couvre les marais. Le jour est rude, froid, comme un linceul de lin. Mais il va s’assouplir ; il va se réchauffer. À cette heure, cette heure encore matinale, je pense : je suis le champ, je suis la grange, je suis les arbres ; les volées d’oiseaux sont à moi, et ce jeune lièvre aussi, qui bondit à la dernière minute, quand j’allais presque marcher sur lui. À moi le héron qui étend ses ailes larges, paresseusement ; et la vache, le sol craque à mesure qu’elle avance et rumine ; et l’hirondelle sauvage, sa descente en piqué ; et le rouge pâle dans le ciel, et le vert quand le rouge s’estompe ; le silence, la cloche, l’appel de l’homme qui vient chercher aux champs ses chevaux de trait – tout est à moi. »
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-reprise à petites doses de publications régulières
(aussi pour remaniement et mises en perspective)
texte seul
peut-être pour que l’approche "technique" se réduise
(après tout, Les Vagues servent aussi à se laisser porter)
(work in progress, toujours)
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(site sous licence Creative Commons BY-NC-SA)</