le livre-Vagues, à recevoir ou fabriquer
mardi 5 août 2025, par

le livre-Vagues a mis des années à devenir lui
ma traduction des Vagues de Virginia Woolf est une vieille histoire qui commence en 2013 (mais avec de longs mois d’interruption)
j’ai conçu et réalisé ce livre-Vagues avec du matériel simple
il est relié par du french link stitch, doublée d’une technique de reliure à rubans, pour lui donner de la solidité
sur sa dernière page un qrcode renvoie au journal de cette traduction
vous pouvez
*recevoir un livre-Vagues
par voie postale contre contribution
(si ça vous intéresse [1])
*ou le fabriquer vous-même
selon la procédure qui suit (DIY, do it yourself)
le texte du livre-Vagues
est de toute façon en accès libre
ci-dessous
MATÉRIEL
- papier blanc pour imprimante + une feuille colorée
- papier style canson grand format
- papier essuie-tout
- cutter et ciseaux
- aiguille
- fil solide, si possible ciré
- colle pva (colle à bois)
- feuilles de papier brouillon pour servir de macules
- feuilles de papier cuisson ou de papier ciré
- gros livres ou briques ou tout objet lourd parallélépipédique qui fasse poids
PAGES INTÉRIEURES
texte complet téléchargeable en pdf
- pour obtenir les livrets (ou signatures) qui composent le corps du livre, imprimer ce texte en format paysage avec option "brochure"
selon les caractéristiques de votre imprimante/imprimerie, il est possible
...soit d’indiquer à la machine qu’il faut 4 feuilles format paysage par signatures/livrets
...soit de préparer le texte en amont en le découpant en 14 documents de 16 pages (il faut un multiple de 4) à imprimer recto-verso, toujours en mode "brochure"
- ensuite, il s’agit de plier soigneusement chaque feuille en 2 et de les regrouper par 4 pour former les livrets (en vérifiant bien que l’ordre du texte est correct) sans hésiter à marquer le pli (plioir, ou tout autre outil adapté, le plat d’une lame de couteau, le corps d’un stylo par exemple)
- trouer ces livrets pour la reliure
(on dit "grecquer", mais le verbe trouer fait aussi bien l’affaire)
à l’aide d’une aiguille et d’un patron :
sur une cartonnette de 21 cm (la hauteur d’une page), tracer des marques à
1, 2, 5, 6, 10, 11, 15, 16, 19 et 20 cm
pour cette partie du travail il y a plusieurs méthodes, dont certaines nécessitent des supports adaptés, à se procurer ou à se fabriquer soi-même
une des méthodes les plus simples est d’ajouter une butée en haut de la cartonnette pour qu’elle soit toujours placée correctement par rapport à la hauteur de la page
ouvrir les livrets, placer la cartonnette et percer l’épaisseur des pages à chacune des marques, l’aiguille tenue à 45° pour mieux viser le centre du pli


COUVERTURE
pour la fabriquer toutes les options et inventions sont possibles
l’idée étant d’obtenir un matériau assez épais pour qu’il puisse être replié sans casser, qu’il ait assez de tenue pour que les incisions latérales (qui accueilleront les bandes-ruban) résistent, sans se déchirer,
mais qu’il ne soit pas trop rigide non plus, et léger, pour ne pas trop tirailler la reliure cousue
après bien des tests et bien des essais, j’en suis arrivée à suivre la procédure qui suit, car elle donne un papier épais et léger, un peu froissé, comme une sorte de peau, que je trouve plaisant au toucher
- placer une feuille de format a4 sur la table, un brouillon : il servira de gabarit car il se voit par transparence, et ce sont ses dimensions qui comptent
- étaler au-dessus de lui une grande feuille de papier sulfurisé
- enduire cette feuille de colle pva (colle à bois) au pinceau, à la brosse ou au rouleau, assez largement
- placer des formes découpées auparavant dans du papier ramette coloré, et si l’on veut, pour la première de couverture (le devant du livre), un papier marqué des lettres du titre, sans oublier qu’on travaille sur l’envers, c’est-à-dire que l’endroit, ce qui se verra, fait face à la table
- recouvrir cette surface encollée d’une fine couche de papier essuie-tout dédoublé
- réencoller (car l’essuie-tout absorbe la colle)
- venir appliquer sur le tout une dernière couche de papier, style papier pelucheux, papier aquarelle ou papier canson, d’un format assez grand
- bien lisser la surface obtenue du plat de la main, en appuyant, pour laisser le moins d’air possible entre chaque couche, comme pour du marouflage, et essuyer l’excédent de colle
- placer le tout sous presse en prenant soin de le placer entre des chutes de feuilles de papier sulfurisé, pour éviter qu’il adhère à ce qui fait office de presse



- procéder de la même façon pour le dos du livre (la quatrième de couverture)
- une fois sec, pour la première de couverture, découper dans ce papier épais une feuille de format a4
- ne pas jeter les chutes, car il faudra y découper 5 bandes larges d’1 cm sur environ 8 cm de longueur
(ce seront les bandes-ruban)
- plier le papier format a4 (orienté en paysage) sur son envers : former un pli de haut en bas, à 1,5 cm de la marge d’un côté, puis un autre à 14,07 cm de la marge opposée
(penser à orienter ce petit pli et ce grand pli en tenant compte du décor de la couverture)
- réutiliser le gabarit qui a servi à trouer les pages et reporter ses marques à l’intérieur du petit repli (d’1,5 cm) pour découper 5 incises où seront glissées les bandes-ruban
- glisser ces bandes dans les incisions en laissant dépasser la partie la plus longue vers l’extérieur, et les fixer d’un point de colle
- pour la quatrième de couverture, faire les mêmes plis et les mêmes incisions (qu’on laissera vides pour l’instant)

ASSEMBLAGE
(reliure)
- commencer par placer la première de couverture ouverte (le grand pli déplié, le petit pli replié) face contre la table, avec le petit pli, ses incisions et ses bandes-ruban vers soi
- avec du fil, si possible ciré et plutôt résistant, commencer la reliure dite "à la française"
(cette vidéo est très éclairante, à partir de 18 mn 40) (mais tout le procédé est beau)
ne pas oublier de placer sous le croisement du fil la bandelette qui correspond à l’intervalle visible

- ajouter ainsi chaque livret au suivant
- finir par la quatrième de couverture, incisions et petit pli replié vers soi
- glisser maintenant les bandes-ruban dans les incisions de la quatrième de couverture, couper l’excédent et les coller, en vérifiant la tension du livre lorsqu’il est refermé (ni trop tendu, ni trop lâche)
- replier enfin les grands rabats des deux couvertures de façon à masquer les fixations des bandes-ruban, et les encoller

- mettre le livre sous presse avec, entre les pages de couverture et le corps du livre, une couche de papier ramette et de papier sulfurisé (au bout d’une heure, changer le papier ramette qui aura absorbé l’humidité de la colle, et renouveler ce papier une ou deux heures plus tard si nécessaire)
(et normalement, si tout s’est bien passé, le livre-Vagues est prêt à être ouvert sans tomber en lambeaux, pour être lu)


j’ai aussi testé une autre couverture, peinte cette fois-ci :

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(site sous licence Creative Commons BY-NC-SA)</
[1] me contacter par mail, chjeanney[@]gmail.com, ou cjeanney[@]ecomail.fr, et je ferai, en votre honneur, une offrande à la déesse du papier, Kawakami Gozen
Messages
1. le livre-Vagues, à recevoir ou fabriquer, 5 août, 20:34, par brigitte celerier
honte à moi je crois que vais en rester à un sourire intéressé, non plutôt passionné (connais mes limites)
1. le livre-Vagues, à recevoir ou fabriquer, 6 août, 14:28, par c jeanney
(en tout cas, très honnêtement, même si ce n’est pas ultra facile ce n’est pas non plus si compliqué, le truc c’est de ne pas avoir peur de cafouiller je crois :)))