Difficile de ne pas prendre de risques [les lycopodes]
samedi 22 janvier 2022, par
Difficile de ne pas prendre de risques.
Les parois des murs sont tellement fines.
On n’a jamais fini de comprendre
pourquoi on fait quelque chose.
Ce sont les petites maladresses
qui font que ça devient intéressant.
Nos outils étaient rudimentaires,
mais nous avons continué.
L’objectif aujourd’hui : marcher sans béquilles.
Regagner en force et en stabilité.
Regarder loin devant soi.
Pas de tension.
Chercher à verrouiller.
Lancer la jambe.
Décrocher, verrouiller, lancer.
C’est important de bien garder ce schéma-là.
Concentration.
C’est là-haut que ça se passe.
Comment vous faites-vous des représentations de votre monde
compte tenu de ce qui vous a été donné ?
Il n’y a pas de sculptures commémoratives pour les sorcières.
L’intuition est une façon de penser.
C’est comme se tenir dans le vent.
Je suis toujours mon intuition.
Je ne veux pas être déclarative, je veux juste dire que ça fait sens pour moi et, de ce fait, que ça peut avoir du sens pour quelqu’un d’autre.
Quatre-vingt-dix pour cent de mon travail c’est corriger mes erreurs.
Y’a-t-il une seule histoire racontée ici ?
C’est très agressif.
C’est acide.
Ça va provoquer des cicatrices.
Car les êtres humains ne sont pas adaptés à une visibilité réduite.
Apparemment le vent est plus faible que tout à l’heure.
Je ne me lasse jamais de regarder.
Ainsi, j’évacue un démon.
Dans mon désespoir, je déterre des racines séchées.
L’important c’est de ne pas lutter.
Quand la vie est sortie de l’eau, le son a franchi l’air.
L’onde sonore a rebondi sur les corps liquides.
Avec le fleuve tout arrive, les idées arrivent, les nouveaux objets arrivent.
On ne regarde pas deux fois la même chose de la même façon.
J’aimerais qu’on ne voie pas la structure.
Je ne veux pas que ça fasse tableau.
Je suis convaincue que regarder est un geste.
Un vrai geste.
Avec le corps et l’esprit
agités
immédiatement.
Le temps est un territoire.
J’aime la répétition.
Elle peut recréer le temps en territoire,
Plus on a de temps,
plus on installe de territoires.
Un assemblage de routes avec des bifurcations.
Certaines vers de mauvaises directions.
Mais comme toutes se recoupent
on ne sait plus quelle est la mauvaise direction.
C’est pensé comme un papier peint.
Se perdre.
Douter.
C’est comme l’amorce d’une révolution.
Un fond,
un motif,
un collage,
une superposition de plusieurs réalités.
Comment l’imaginaire influence la réalité ?
La finesse de la frontière entre les deux,
tu imagines.
Ma diseuse de bonne aventure m’a dit que j’avais cinq chevaux, ce qui voulait dire que j’allais voyager beaucoup, que je suis essentiellement destinée à quitter la maison et à vivre ailleurs, c’est pourquoi je dois transporter ma maison avec moi, tout le temps.
(Lycopode 5) [1]
Les parois des murs sont tellement fines [2]
.
(site sous licence Creative Commons BY-NC-SA)
[1] Dans les Notes de chevet de Shei Shônagon on peut lire
" Sujets de poésie : [...] la bardane d’eau. Le poulain. La grêle. Le bambou nain. La violette à feuilles rondes. Le lycopode [...]". Le lycopode est une plante vivace toujours verte dont les racines se divisent en formant un Y, ce qui est un choix, comme celui que je fais de garder, ou déplacer, ou retailler, recoudre, reprendre la phrase entendue ici ou là pour en faire un poème lycopode.