journalier 21 05 15 / factice
jeudi 21 mai 2015, par
– Ça ressemble à une banlieue américaine vue du ciel, mais non. C’est une grande toile déployée avec des dessins de jardins, du faux linge pendu aux fenêtres, des voitures de caoutchouc qu’on déplace à la main (des hommes sortent de trappes pour le faire, puis s’y replient, sans passer devant les travées vides des entrées vides, les façades cartonnées, les tuyaux d’arrosage scellés sur les pelouses artificielles).
Ce pourrait être une histoire inventée, pourtant cette ville existe/existait.
– L’envie de se boucher les yeux et les oreilles, à la surface gronde un fleuve néfaste, et ça semble impossible tant de peine, d’existences à sauver, comme si l’eau entrait de tous les côtés, envie de mettre son tablier devant ses yeux et fermer la boutique, volets métal. Ou garder la tête appuyée sur un tronc de platane, occupé à compter le décompte du cache-cache, sauf qu’arrivé au nombre cent on irait rien chercher du tout, très décidé, on continuerait de compter.
– Mais ça ne tient pas, la vie tu la prends en entier, avec le fleuve acide et ses effluves.
– Pourtant ce serait un soulagement qu’à la surface ce soit "pour du semblant", un fleuve bidon, de faux volcans et fausses crevasses, de faux ogres qui s’entretueraient. On marcherait au calme dans un monde vrai sous la toile, dépourvu de déesses féroces et d’avions de chasse.
– Peut-être que cette ville est là, on se lève le matin et sous la surface on s’agite. Les trappes s’ouvrent dans l’autre sens, vers le bas, elles laissent filtrer des éclats alors on se met à courir. On s’engouffre dans une maison réelle construite à l’identique de celle qui la surplombe, un peu de Sinfonia India pour l’impulsion et le déchirant embrassés, un temps, puis ragaillardi on ressort en jetant des coups d’œil en l’air. Si ce n’est que la pluie on se rassure, pas grave.
(pendant ce temps les photos n’y croient pas)
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(site sous licence Creative Commons BY-NC-SA)
Messages
1. journalier 21 05 15 / factice, 21 mai 2015, 16:55, par brigetoun
est ce qu’en volant juste un peu moins vite, en faisant un arrêt sur place pour mieux voir l’illusion serait restée ?
non, puisqu’on serait rentré rapidement en contact avec la toile,
oui si, le faisant, on aurait perdu vie et sens de la réalité
(je suis d’un positif aujourd’hui !)
1. journalier 21 05 15 / factice, 23 mai 2015, 17:28, par Christine Jeanney
(oui, mais positivement réaliste aussi) ("ne pas foncer sur la toile" devrait être rappelé dans tous les modes de transport aériens :-)))