TENTATIVES

« la vie ça éparpille des fois / ça chélidoine et copeaux / ça bleuit ça noisette » [Maryse Hache / porte mangée 32]

PLACARD DE L’ATELIER

du pourquoi pas

[journalier]

journalier 26 04 15 / la queue des ouistitis

dimanche 26 avril 2015, par c jeanney


 Suivre une idée, le cours de ses idées, des mots en flux, un par un, l’un accroché au suivant comme au précédent, comme dans ce jeu où des singes s’accrochent la queue, des ouistitis.
 J’écris quelque chose hier, je ne le comprends plus ce matin, ça ne devait pas être bien clair. C’était sur la polyphonie, que j’imagine possible pour les sons simultanés, pour les images qui se chevauchent, les couleurs qui se bordent et se mélangent au centre, mais impossible pour les mots. On ne peut pas lire deux mots en même temps, les mots à la suite forment une ligne qui fait câble.
 S’il y a polyphonie, c’est du sens, polyphonie des sensations à la lecture qui sollicitent d’autres sens, hors mots, d’autres images qui elles ont le droit de se chevaucher comme d’autres couleurs se côtoient et que d’autres sons se captent en même temps. Mais pas eux, images-couleurs-sons, en tant que tels, eux contenus dans les mots, leurs avatars.
 Le câble est lisse chaque mot précédent tient le suivant, il n’y a pas d’autres choix. Revenir en arrière c’est revenir sur le câble qui reste intact, inamovible. Parfois le câble semble haché ou strié, les mots tenus ensemble par des extrémités très fines.
 Cette joie à lire lorsqu’on n’imagine pas quel mot viendra ensuite. Cette joie à lire lorsque le mot suivant imprime des secousses au câble. Cette certitude réconfortante qui dit que le câble ne sera pas rompu, même si les mots semblent le fracturer.
 Ou c’est une hypothèse qui ne tient pas la route, car le cerveau ne serait capable de faire qu’une seule chose à la fois, la perception serait trompeuse. On pense entendre deux bruits simultanés mais peut-être que le battement entre l’écoute d’un son et l’écoute de l’autre est si ténu, si infime, qu’on l’imagine nul alors qu’il dure quand même. Et la captation d’une couleur serait peut-être suivie d’une autre, une à la fois dans la rétine, même si la sensation globale. Alors la vraie polyphonie n’existerait pas.
 L’image d’une toile d’araignée tissée, bras lancés vers des destinations en étoiles, s’unissant ou se rejoignant, jusqu’à un point limite. Chercher ce point ? Mais un pas à la fois, petit pas.

(une image chasse l’autre)

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(site sous licence Creative Commons BY-NC-SA)

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