De fil en fil, je me retrouve à chercher une carte des gisements de manganèse ou de graphite dans les sous sols du monde. Par curiosité et aussi pour trouver du sens, peut-être que cette carte se calque sur les zones de tension, guerres, ingérences, batailles commerciales, peut-être que l’on pourrait délimiter à l’avance qu’en habitant ici ou là on s’expose au malheur. Peut-être que les cartes du malheur, passé et avenir, sont disponibles. Qu’elles ont été colorisées avec justesse. Cartes, cartes, d’autres cartes que celles qui servent à l’art de la divination, cartomancie. Et est-ce qu’il y a une langue où le mot qui désigne une carte de géographie n’est pas le même que le mot que celui qui désigne une carte à jouer, carte, carte. Et toutes ces expressions avec jouer. Nous jouons de malchance ou des coudes. Quand j’étais petite, je nous croyais modernes. Juvénal, dans ses Satires (v. 69-70) : "Déjà du temps d’Homère notre race baissait. La terre ne nourrit plus aujourd’hui que des hommes méchants et chétifs." Les couleurs sur les cartes et les couleurs d’NT se répondent ou bien elle se rejoignent, les liens unissent ce qui semble éloigné et seul. "C’est impossible d’avoir les yeux sur tout ça en même temps", dit quelqu’une, et elle ajoute "on est noyé". "On documente l’accélération" dit une autre, "même si c’est toujours la même chose".

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