block note - dix-sept
lundi 17 mars 2025, par

Je questionne l’exercice du block note, pensé au départ comme un accompagnement de l’écriture de NT, soit en rendant compte de son avancée chaotique, soit en faisant un pas de côté pour jouer avec la pression comme le ferait une valve de cocotte minute. NT n’est pas seulement au point mort, il est inaccessible, comme un objet échoué au sommet du mont blanc, physiquement impossible à atteindre. À quoi sert mon block note alors. Il n’y a plus de pas de côté à faire et on ne rend pas compte du rien. Alors ce serait pour m’épancher ? Mais ce n’est pas un journal intime. Ce n’est pas non plus la technique de Julia Cameron, l’écriture du matin (même si je l’écris le matin) un peu automatique, déversement, qui déverrouille et lâche les nœuds, les regrets, les culs de sac, les espoirs. Le fait de mettre en ligne ce block note sur mon site est une "adresse faite à", ce que le journal intime ou le carnet à la cameron ne possèdent pas. Et ça pose une question bien plus vache, le qu’est-ce qu’on offre. En ce moment la question du qu’est-ce qu’on offre est diablement difficile, mon correcteur orthographique proposait diabolique, ce n’est pas faux. La liste des mauvaises nouvelles est si longue, combien de queues de vache pour aller jusqu’à la lune dit la boutade, une, pourvu qu’elle soit assez longue, la liste des mauvaises nouvelles est aussi longue qu’une queue de vache de 384 400 km, mais ça peut s’allonger, selon l’ellipse, l’orbite, l’abscisse et l’ordonnée, toutes sortes de calculs défiant toute concurrence. Défiant toute conclusion propose le correcteur. Je lis Exercices d’observation de Nicolas Nova, aux éditions Premier parallèle. C’est réellement un manuel pratique d’observation, avec des périmètres, des laps de temps et des sujets sur lesquels zoomer. C’est peut-être un bon dérivatif, un bon début, une bonne tangente, un bonne figure d’art martial, comme quand on se sert de la force de l’adversaire malgré lui pour le retourner avant qu’il nous chavire. Faire a toujours été la seule solution. Je cherche (il y a une citation ou une déclaration de Perec qui en parle) le bord de la piscine, ou plutôt la rampe de métal pour descendre dans l’eau. Si NT est en haut d’une montagne, je le constate, autant aller voir ailleurs, et complètement ailleurs, c’est-à-dire tout en bas, fond de l’eau. J’ai fait ce genre de choses plusieurs fois : trouver une rambarde, m’y accrocher. Ma rambarde a été une série télévisée, Le Prisonnier, quand j’ai écrit Lotus seven. Ma rambarde a été le film de Charles Laughton quand j’ai écrit La Nuit de Rachel Cooper. Ma rambarde a été une artiste quand j’ai écrit Yoko Ono dans le texte. Ce block note peut m’aider à trouver une rambarde pour offrir autre chose que l’abattement inquiet. Ça commence avec du jardinage à la Lucien Suel qui poétise express.

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Messages
1. block note - dix-sept, 17 mars, 23:19, par brigitte celerier
ça pourrait être si tu n’étais pas écrivaine juste une façon de se poser une règle (à la rigueur de temps en temps plaisir de l’enfreindre puisque les règles sont faites pour ça)
1. block note - dix-sept, 18 mars, 11:05, par c jeanney
(en tout cas je passe beaucoup de temps à me définir des règles, il faut croire que j’ai toujours un caporal chef sous l’oreille) (parfois sympathique, je ne dois pas le caricaturer))) Merci Brigitte !
2. block note - dix-sept, 18 mars, 11:24, par PdB
entre l’offre et l’adresse, il y a la seule réalité : indispensable, en effet - longtemps chez Lucien j’ai commenté ses poèmes (cette "activité" me plaisait - elle me plait toujours : au 17, j’y aurais bien vu L’homme invisible (James Whale, 1933) peut-être parce que la piscine a quelque chose du Sunset Boulevard (Billy Wilder, 1950) et que le James Whale en question s’y est flanqué pour s’en aller d’ici...) (en silence) (indispensable...)
1. block note - dix-sept, 19 mars, 11:16, par c jeanney
Sunset Boulevard, quel film ! Pour James Whale, wilipédia parle du film Ni Dieux ni Démons, Gods and Monsters, qui serait sa vie "à peine romancée" (je ne connais pas)