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mardi 30 décembre 2025, par
J’ai ressorti des papiers d’archives, des copies d’actes de naissance del comune di Roccadarce rédigés par l’Ufficiale dello Stato Civile, et son écriture n’est pas toujours lisible. Sur le vieux livret de famille, sous MENTIONS MARGINALES écrit en rouge et en majuscules, rien n’a été noté. Je retrouve un oncle jusque-là inconnu, et le vrai prénom d’une tante, qu’on appelait autrement, nom d’usage. Une vie de misère, dit ma mère en parlant d’elle, et j’ai peur que cette misère soit due à l’oncle retrouvé. Alors, est-ce que ça valait le coup de connaître son nom ? Je trouve une grand-tante née rue des petites écuries en 1884, comme Paul Émile Pissaro qui travailla dans une usine de lacets et mourut à 62 kilomètres de chez moi. Ce n’est pas très sérieux, ces recherches, en tout cas pas très efficace. Mais la notion de rentabilité est une belle arnaque. Hier, j’ai vu un film qui pourrait être le parfait contraire de Tous en scène. Je crois que c’est à cause de la place de l’œil. La différence entre montrer ce que l’on veut montrer, organisé comme tel, comme une couverture de livre, un dépliant, une affiche, et montrer ce que l’on voit, ce qu’on a repéré, les interstices, des indices, des indices personnels de ce qui touche. Le titre de ce film est très mauvais en français, et selon la traduction mot à mot du hongrois il aurait dû s’appeler À propos des corps et des âmes. J’aurais pu, j’aurais dû deviner qu’il avait été filmé par une femme, Ildikó Enyedi, à cause de l’œil, son œil sur les corps. Sur le site du Monde, je lis "Ce film hongrois, à l’architecture compliquée, séduit par sa sincérité et sa candeur." Le genre de commentaire qui me donne envie de recouvrir les rues de soupe de tomates fraîches, avec un pinceau et une spatule. Et d’installer partout des plaques surmontées d’écriteaux gravés : À CÔTÉ. Il y a un mode de captation du réel entièrement tourné vers le jugement d’autrui et la tête que ça nous fait, la stature qu’on se donne, on juge pour se faire un costume seyant. La ’candeur sincère’ du film, je ne l’ai pas vue, j’ai vu sa compréhension, ce qu’il veut accompagner, et sa violence. C’est bizarre que, parmi les images du film disponibles sur le net, il n’y ait pas celles de l’abattoir, les mufles, les yeux des vaches, les sabots, les cartes géographiques sanguinolentes sous les peaux douces écorchées. "Une vie de misère", dit ma mère. Je connais si peu de noms.
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(site sous licence Creative Commons BY-NC-SA)



Messages
1. block note - entier, 30 décembre, 18:35, par brigitte celerier
quand je me risque (avec l’appui d’un site de généalogie) dans le passé familial je constate que : je me trompe entre bra,nches paternelles et maternelles et que finalement je trouve plus de créatures bien plus anciennes | de plusieurs siècles parfois | que moi que je ne me souviens des générations qui me suivent sauf quelques exceptions et guère plus inconnues.
Quand au regardl sur le monde je découvre que le mien est de genre féminin même si ne suis et ne veux être féministe.
2. block note - entier, 30 décembre, 20:18, par PdB
en vrai non, ce n’est pas visible, donner à voir (Fassbinder tentait de le montrer - l’année des treize lunes par exemple - le montrer est important - fécond fondateur - après que sommes-nous devenu.es ? rien de plus ou de spécial :juste continuer de marcher de crier de de rire - continuer ! y aller !!