block note - Gene
jeudi 2 janvier 2025, par
Tous les entretiens ou conférences que j’écoute depuis plusieurs semaines ont affaire avec le climat et ses perturbations. C’est assez inconfortable, en résumé, et petit à petit je constate un décalage fort entre ce que j’entends, les données, les hypothèses, les prospectives, et les informations du journal du matin à la radio. C’est une question de lunettes. Celles, scientifiques, qui examinent les glaciers, la mer, les ouragans, le permafrost, sont repliées et rangées sur le côté, c’est perturbant. Il n’y a pas beaucoup d’options. Soit déprimer (ça c’est facile, à la portée de tout le monde), soit faire confiance à l’ingénierie (c’est plus dur, balancer du souffre dans l’air, faire voler des avions en continu pour déverser des aérosols, construire une base spatiale de la taille du Brésil pour fabriquer un bouclier anti chaleur solaire, ce n’est pas que c’est effrayant, c’est que c’est glaçant, et puis ça me rappelle cette idée de remplir l’épave du Titanic de balles de ping-pong pour le faire remonter à la surface [1]), soit une remise en question globale (fortement improbable, tant les compagnies spécialisées en extraction d’énergie fossile copient leur argumentaire sur les industriels du tabac), soit l’aquabonisme, arrivera ce qui arrivera. Par capillarité je découvre ce qu’on appelle l’histoire globale. Dépasser la pensée en silo. Interconnecter. Dépasser l’ethnocentrisme et le nationalisme. Utiliser plusieurs lunettes en même temps, etnologiques, anthropologiques, économiques, géographiques, climatiques, sociologiques, etc, ça me parle beaucoup. Comme d’habitude quand je découvre quelque chose, je suis effarée d’être si vieille. Je n’ai pas vécu dans un placard, j’ai suivi une scolarité potable et j’ai une curiosité naturelle, mais ce courant de l’historiographie qu’est l’histoire globale, cela fait deux jours que je sais qu’il existe (sur à peu près 22630). Je pourrais me dire que c’est une question de champ d’activité, et qu’en gros moi c’est l’écriture, la lecture, la littérature, donc un domaine un peu à l’écart. Manque de bol, je crois que l’écriture est un champ global, gorgé de tout ce qui concerne l’humain. Je ne sais pas dans quelle mesure ni comment cela m’aide pour écrire. Mon projet central c’est NT. NT est global. NT a l’arrogance de regrouper, rassembler, de se laisser traverser par plusieurs niveaux de langage qui piochent dans le passé, le présent, mon ici et le lointain, la dite science et les mythes, une sorte d’ethonologiquécriture, avec un "nous" récurent qui se rapporte à l’espèce humaine. Une sorte de texte "global" (c’est pour ça qu’il est arrogant, que les bras m’en tombent parfois, que je ne sais pas le délimiter, sachant que le délimiter n’est pas une solution, puisqu’il s’écrit contre la délimitation de la pensée en silo, en catégories, mais je ne sais pas le penser, c’est hors de mes habitudes, comme si je devais apprendre à faire du trapèze pour simplement marcher, ce qui est une drôle de façon de se déplacer). C’est très bizarre. Je ne sais pas pour la poule et l’œuf. Est-ce que mon projet NT m’envoie vers des thèmes, des thématiques globales ou est-ce que ça s’est fait dans l’autre sens ? (et ma part de libre arbitre là dedans ?) Peu importe, ça n’est pas le plus important. Le plus important c’est de se demander pourquoi les conclusions du GIEC qui concernent la totalité des habitants sur la planète ne sont pas au centre de toutes les discussions politiques et journalistiques ce matin, et demain matin, et chaque matin. C’est un peu comme si dans le film la locomotive s’approchait du corps ligoté sur les rails, et qu’au lieu de la musique flippante on passait la symphonie pastorale avec Gene Kelly et ses claquettes au premier plan. J’adore Gene Kelly, mais il y a des limites tout de même
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Messages
1. block note - Gene, 2 janvier, 19:45, par brigitte celerier
parce que pour les suivre il faudrait tout bouleverser, les crânes des "classe moyenne supérieure" et des seigneurs de ce monde pour leur donner d’autres désirs de ode de vie.. et surtout les inégalités étourdissantes pour ne pas ête conduits à refuser le droit de vivre à tous ceux "d’en bas" soit plus de la moitié des humains, et que jamais un gouvernant ne pourra s’attaquer à cela.
Grande curiosité pour NT
1. block note - Gene, 3 janvier, 10:11, par c jeanney
(c’est tout un imaginaire qui est canalisé, le There is no alternative toujours aussi vif, Margaret toujours aussi active finalement) (mais bon, on y va, on se laisse pas faire)
2. block note - Gene, 3 janvier, 11:40, par PdB
oui c’est ça, on y va - le projet est avancé (jte parle pour moi - aussi comme ton NT) on le fait avancer on y va et encore - sans se laisser aller à la déprime - à ce propos : bonne année !!! (hum)