TENTATIVES

« la vie ça éparpille des fois / ça chélidoine et copeaux / ça bleuit ça noisette » [Maryse Hache / porte mangée 32]

BLOCK NOTE

block note - même

mercredi 26 février 2025, par c jeanney

Reprise de l’écriture du matin sur un carnet qui a déjà servi pour d’autres choses, je passe les pages où j’ai déjà écrit et que je ne relis pas car j’en suis incapable, mon écriture manuelle est trop partielle, elle mange certaines lettres comme les n, les s, les r, et c’est trop difficile de déchiffrer, sauf par moment, en haut d’une page que j’ai commencée par "C’est impossible". C’est aussi ce qui me travaille, le mâchouillage répété du même os. Et si j’avais toujours écrit "C’est impossible" sous plusieurs formes. Et si je passais mon temps à écrire "C’est impossible" dans des textes ou des livres qui ne possèdent pas la même couverture pour masquer l’identique de mon trajet sur place. Tentative ce matin de reprendre NT comme on avale d’un coup sec une mixture, un médicament. Je vais aller piocher des mots pour caresser NT, le rassurer, des mots sur l’inutile. Sur ce qui ne nuit pas. Sur ce qui ne provoque pas la nuit dans les esprits (c’est bien trop grand la nuit, un avion passe, il est trop bas ou trop bruyant pour être inoffensif et mon premier réflexe n’est pas l’étonnement). Il y a beaucoup de choses qui ne nuisent pas si on regarde bien. Mais il y a des degrés. Des choses qui ne nuisent pas mais dont je me moque et d’autres qui ne nuisent pas mais provoquent l’inverse, au contraire. Dans la catégorie du au contraire j’ai de petits animaux peints fabriqués à partir de coquilles de noix. J’en ai plusieurs, une collection, tous des cadeaux. Je vais reprendre NT par la voie de l’art ou par la voie des animaux. Maintenant, il faut nettoyer à la base. Enlever l’art vénal, larbin, obséquieux (insérer une note ici sur ’le vent d’optimisme’ qui souffle pour certains mécènes, que d’autres appellent effroi). Et enlever aussi ce qui est fait aux animaux qu’on presse comme des moitiés d’orange. Je me rends compte qu’en choisissant ces deux tracés, l’art non vénal et l’animal indemne, je fais une sorte de grand écart. L’art non vénal étant personnel, intime, introspectif, singulier. Et le rapport que je cherche envers l’animal, sans le ramener à soi, sans lui donner des qualités humaines, mais en tentant de le voir en tant que lui, avec son intelligence autre, ses capacités autres, sa vision autre. L’art qui cherche au fond de soi, l’animal en tant qu’un soi le plus loin possible de soi. Ce serait plus clair en dessinant un cercle avec des flèches tournées vers l’intérieur, un cercle avec ses flèches tournées vers l’extérieur. Ou bien c’est la même chose et je chipote. En tout cas, ça ira dans NT.

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(site sous licence Creative Commons BY-NC-SA)

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