block note - pierre
jeudi 16 octobre 2025, par

Je dois reprendre NT à la source. Je dois remonter chaque filet d’eau jusqu’à la première goutte versée, revenir pour chaque phrase à son début. Parce que c’est comme quand on a oublié ses clés et qu’on peste devant la serrure de la porte de chez soi, hermétique, interdite. Je ne pouvais plus continuer d’écrire NT à cause des clés oubliées, mes clés, c’est-à-dire moi. D’où je parle, qui parle, ces paramètres évidents que j’ai eu l’arrogance d’ignorer, comme si j’étais trop grande pour ça, trop libre ou trop puissante. J’ai oublié mes clés. Je dois revenir au plus petit dénominateur, mon ventre. NT reste une idée ambitieuse, mais je change d’éclairage. Je l’avale par dedans au lieu d’essayer de le grignoter de l’extérieur. Ça change la donne. C’est très exactement ça, "la donne". Ce qui a été donné par le hasard du jeu, des cartes, de la naissance, du sol, des conditions, fertiles ou non fertiles. Une fois arrivée devant cette décision neuve (de reprendre NT à la source avec mon ventre), je n’ai plus l’injonction de l’efficacité. Tout suit. Tout coule. C’est arrivé sans que je l’exige, en triant de la laine. C’est étrange comme prendre un problème de front ne fonctionne pas. J’aurai dû pourtant le comprendre. La technique du bras de fer est mauvaise, mesquine, rigide et faible. Elle installe deux forces qu’elle oppose, en ignorant les autres. Le binaire est une réduction incomplète. Ça va avec l’affirmation sans nuance, le There Is No Alternative. Il y a du TINA partout, même dans des petits détails quotidiens. Je crois que le fascisme aime beaucoup le TINA. Il lui permet d’écraser qui bon lui semble. Je suis heureuse d’avoir ce block note sous la main pour tenir un bout de la ficelle de ma pensée. C’est très volatile les pensées. Si je n’avais pas écrit ce qui m’arrive avec NT ce matin, j’aurais peut-être roulé comme la pierre de sisyphe tout en bas, avec tout à recommencer de penser demain.

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