TENTATIVES

« la vie ça éparpille des fois / ça chélidoine et copeaux / ça bleuit ça noisette » [Maryse Hache / porte mangée 32]

BLOCK NOTE

block note - un deux trois

dimanche 29 décembre 2024, par c jeanney

NT est en attente, peut-être que je dois gérer la question du pourquoi et du comment et que les deux questions communiquent. Je suis toujours étonnée quand j’entends quelqu’un organiser sa pensée en points successifs, ou séparés, par exemple sur une situation géopolitique, ou climatique, avec des arguments numérotés, « à mon avis il y a trois choses à prendre en compte, un, deux, et enfin troisièmement », je ne pense jamais comme ça, par échafaudage structuré, par délimitation et canalisation, je ne sais pas faire, et je crois même que c’est problématique, est-ce que prévoir un argumentaire en trois points (ou en quatre, ou en deux) n’empêche pas d’en penser plus, de se laisser embarquer, c’est bizarre ce besoin assoiffé de contrôler les idées, le chemin qu’elles prennent, de les cerner à l’avance, donc les connaitre à l’avance, comment espérer la surprise ? et puis est-ce que ça ne change pas les marges en points aveugles, où sont les zones non explorées entre le point un et le point deux, les frottements, les imperfections glissantes brouillées et fluides entre une idée et une autre, parfois le un et le deux communiquent entièrement, se déversent ou s’aspirent, c’est un peu comme avec les frontières maritimes, ici les eaux de tel pays, ici les eaux de tel autre, ici les eaux internationales, mais les poissons passent et s’en moquent, c’est peut-être plus pertinent de penser une seule mer pour mieux voir. En attendant NT je reprends pied avec Kew gardens et ce que j’ai envie que ça devienne, j’imagine beaucoup de choses, comme par exemple un livre qui contiendrait la version originale, ma traduction, et mon journal de traduction, un deux trois, et je cherche la façon de fabriquer un objet qui contienne les trois et qu’on puisse passer de l’un à l’autre sans sentir une césure autoritairement plaquée, j’aimerais qu’on puisse naviguer d’un « livret » à l’autre, et que le tout fasse « un ». Ce qui veut sans doute dire que je vais choisir une seule police de caractère pour les trois, une unité graphique, esthétique, pour les trois, mais ça pose un autre problème, celui de la filiation. Normalement, le livret anglais devrait être au centre, premier, ou bien prépondérant (une police de caractère plus grande ?), puis viendrait mon journal, ce qui découle du texte original, et en dernier ma traduction. Mais ça installe une hiérarchie, est-ce que c’est ce que je veux ? ou alors, traiter chaque livret de manière autonome, chacun sa particularité, parce qu’il sont chacun différents, en fait la question c’est : est-ce que morceler amène forcément à une hiérarchie ? est-ce qu’on peut penser trois objets, ou livrets qui fasse un, les faire tenir sur la même image comme une photographie montre trois plans, le paysage au fond, le milieu ou le centre et ce qui est plus proche de l’œil, plus près. Après, ça va dépendre de mes capacités « techniques », il y a des blancs, des ratages, des impossibles, entre ce que je voudrais faire et ce que je suis capable de faire, mes aptitudes vont aussi définir l’objet final. Bref, même si mon projet de réaliser ce livre Kew gardens est en trois points, je ne sais pas trop où placer les bordures, elles tanguent et c’est bien, c’est peut-être même le mieux que je puisse faire.

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