block note - veille
mardi 26 novembre 2024, par
Je me retrouve avec deux brouillons de minute papillon pour demain, car c’est la veille de sa mise en ligne, avec six onglets ouverts sur audacity et plusieurs pistes dans chaque onglet, et rien qui fasse corps dans tout ce matériel sonore. L’un des brouillons est « positif », assez vaillant, mais pour moi « attendu » et j’ai besoin d’être étonnée par ce que je fabrique. L’autre brouillon est plus sombre, étonnant, mais plombant aussi, et je ne veux pas plomber ni être plombée. La seule solution que je trouve est de me lancer dans une troisième minute, autres onglets, autre matériel, pour peut-être viser un mélange des trois. Ça me fait questionner le but, ce que je cherche, est-ce que je n’ai pas en tête et sans le formuler la quête d’une sorte de pureté, de ligne claire qui montrerait simplement, ferait entendre simplement. C’est compliqué la simplicité. C’est toujours la même dualité entre deux inconciliables, se laisser porter et indiquer une direction contrôlée. Je repense à ce que dit Laura Vasquez dans un des entretiens de bookmakers, de regarder le texte, de se demander ce que veut le texte et de l’aider, de se mettre à son service, de le suivre. Je vais essayer ça, suivre. Quitter le jugement, l’auto-jugement, l’auto-dénigrement, ces sortes de troncs d’arbre que je pose en travers du chemin. Il y a aussi la question du travail, de la sueur, de la preuve du travail, de donner la preuve qu’on ne se moque pas du monde, qu’on transpire et qu’on peine pour en arriver à un résultat, ce qui nécessite de juger tout le long du procédé qu’on ne se ménage pas. Sinon quoi ? On serait dans l’improductif ? C’est pourtant ce que je vise, l’improductif. Productivisme, évidemment que je n’en veux pas. C’est peut-être ça qui coince, le fait que je le garde en ligne de mire. Parce qu’au final, si je garde en tête le productif, que ce soit pour m’en extraire ou le dénoncer, c’est lui qui reste un « aliment ». Je voudrais atteindre la zone derrière le clapet, celle où productif n’est plus un mot à mentionner, qu’il me sorte de la tête consciente et inconsciente. Je n’aurai pas beaucoup de temps pour travailler à NT aujourd’hui, mais penser mes minutes papillon m’aide aussi pour l’écriture de NT, l’utilitaire, l’essentiel, le luxe, le pragmatique, le concret, le féerique, la part d’impondérable à approcher sans l’effrayer, suivre à la Laura Vasquez, aider ce qui se met à apparaître pour qu’il existe au mieux, avec le maximum d’attention, cela peut me porter, me soulager pour tout. Je repense aussi à ce que j’ai lu hier de Martin Winckler, une toute petite phrase sur l’erreur et la faute. Le fait qu’on dise « faute d’orthographe », faute dans le lexique du péché, fauter, manquer à sa parole, être non fiable. On devrait dire « erreur d’orthographe ». Mes erreurs et mes brouillons ne sont pas des fautes, il faut que je m’enlève de la tête ce vieux professeur irascible qui exige des résultats valables pour réécouter et retravailler mes brouillons autrement.
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Messages
1. block note - veille, 26 novembre, 20:35, par brigitte celerier
" Parce qu’au final, si je garde en tête le productif, que ce soit pour m’en extraire ou le dénoncer, c’est lui qui reste un « aliment »." STOP oui " il faut que je m’enlève de la tête ce vieux professeur irascible qui exige des résultats valables pour réécouter et retravailler mes brouillons autrement."
1. block note - veille, 27 novembre, 08:58, par c jeanney
oui, je vais suivre le conseil d’Anne Savelli et lire Mona Chollet sur la culpabilité, l’auto-dénigrement constant, je vais peut-être trouver des pistes (croisage de doigts)
2. block note - veille, 26 novembre, 21:00, par PdB
productif ça veut dire faire un produit mais les minutes papillon sont-ce des produits ? pas au sens de consommables, ou livrables comme ils (et elles) disent. après ce sont des choses qui se périment aussi, elles vivent s’écoutent puis restent puis... on a toujours des scrupules parce qu’on fait des trucs pour qu’ils soient vus entendus écoutés (ou alors pourquoi ? cette question, pourquoi, je ne lui vois pas de réponse - jamais crois-je évacuer) - et que c’est aujourd’hui pratiquement immédiat et cette immédiateté fait que ça s’oublie très vite - trop vite - un moment (une minute) et puis c’est parti fini oublié ? ce qui est certain c’est que faire simple, c’est très compliqué oui... et puis aussi, veille a deux sens (au moins - c’est un impératif) et ce qui se fait s’il se fait pendant la veille a le temps de s’exécuter (aussi ?) en rêve (j’attends souvent et je me dis : je vais dormir dessus on verra demain) (ces histoires sont aussi des empêchements et je crois qu’i faut s’en garder...) (bon courage pour NT)
1. block note - veille, 27 novembre, 08:59, par c jeanney
oui, le sommeil ça marche, je veux dire dormir sur un problème ça peut le résoudre, ou au moins prendre une voie parallèle pour éviter l’obstacle autrement (on y va on y va^^)