block note - zeus
mardi 4 mars 2025, par

Les tulipes fleurs-de-lys sortent de terre, les hellébores insistent et des têtes de serpent verts veulent la lumière. Ça ne fait pas le poids, on est d’accord. J’ai eu très peur, j’ai cru que quelqu’un avait déjà écrit NT quand j’ai lu la fin de Fictions documentaires d’Emmanuelle Pireyre :
Finalement, au point de vue grammatical, il semble que tout ceci pourrait encore se traduire par un redéploiement vers le pluriel. Si le rapport au monde n’est pas un antagonisme franc du Je et du réel extérieur, mais plutôt un glissement et un mouvement du Je au sein des phénomènes et des discours sociaux, avec le désir de les emprunter, de les reconfigurer, de s’y confronter de l’intérieur, de les rendre habitables, alors l’attention se déplace vers le pluriel, vers des constructions sociales, des extensions de Nous à dimensions variables.
« Nous habitons des constructions neuves et surdimensionnées. Nous aimons le neuf parce que la nouveauté, c’est nous. Notre ville est construite comme une image. L’image de votre productivisme outrancier. Cette outrance nous plaît. Opacité et vertige, voilà ce que vous avez produit, voilà ce que vous dénoncez, voilà ce que nous voulons habiter. Vos villes sont à activer. » (Daniel Foucard, Novo, Al Dante 2003)
Emmanuelle Pireyre me montrait au tableau le Nous, mon Nous, et je l’ai cru massif, j’ai cru aussi ce Nous massivement là, et présent avant moi, avec l’extrait de Novo, j’ai cru que Daniel Foucard avait déjà écrit NT, ou bien j’étais Daniel Foucard et je l’avais oublié, comme dans ces histoires de réincarnations ou de cerveaux pompés réinjectés dans une nouvelle enveloppe. Et puis, relisant, j’ai compris que Novo n’était pas NT, parce que dans Novo le Nous appelle le Vous, alors que dans NT mon Nous passe sur le Vous sans le regarder, mon Nous est un Nous total, ce qui pose d’autres problèmes, comme les points de jonction entre ce Nous et ce qui le détruit et qui est aussi Nous, le Nous également, le Nous par affliction, désagrément, le Nous à saigner, à pleurer, le Nous qui déchire le Nous en myriades de lambeaux, continuellement, comme le vautour mange continuellement le foie de Prométhée, Prométhée dit Jean-Pierre Cassel dans mon souvenir de la Décade prodigieuse, mais je me trompe sûrement, je ne retrouve pas la scène où il agonise en murmurant son nom, ’Prométhée’, et où quelqu’un répond ’Oui je vous promets tout ce que vous voulez’ croyant l’entendre dire ’Promettez’. C’est très perturbant cette scène qui n’existe que dans mon esprit, H me dit qu’il se souvient de moi parlant de cette scène, mais sans avoir vu le film ni personne d’autre qui en parlait, il lui semble que je suis la seule à la mentionner, ce qui pose le problème du récipiendaire, du témoin, du réel, de l’invention et de sa place. S’il y a un monde où je suis seule à me souvenir de ce qui arriva et de ce qui n’arriva pas, et que c’est la même chose pour tout le monde, alors Nous contenons en Nous de l’indicible et de l’inadmissible (au sens de ce qui ne pourra pas être admis en conscience, indécelable). En conséquence de quoi, logique, nous tâtonnons.

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Messages
1. block note - zeus, 5 mars, 09:06, par PdB
(pas spécialement expert mais Jean-Pierre Cassel ne joue pas dans la Décade prodigieuse je ne crois pas mais plutôt dans La cérémonie à ce qu’il me semble) (le jeu de mots avec Prométhée, je ne sais plus mais j’ai aussi cette image...) (c’est peut-être pas Cassel mais Perkins ?) et pour ce qui est de tâtonner en effet - bientôt le printemps... éternel recommencement
1. block note - zeus, 5 mars, 17:34, par c jeanney
Mais oui, ça doit être Perkins (pourtant j’avais en tête un plus petit rôle pour celui de prométhée) (si ça se trouve j’ai entièrement rêvé ce film, et mon cerveau a construit un cinéma autonome))